Quand on pense aux troubles mentaux, on imagine souvent les adultes qui sont dans leurs trentaines et qui ont plein de choses à stresser comme leurs métiers, les relations amoureuses, leurs enfants etc. Ce concept est en train de changer rapidement.
Selon une enquête nationale complète sur la santé mentale des enfants, réalisée par Santé publique France, environ 13% des 6-11 ans présentent au moins un trouble probable de santé mentale. La France n’est pas seule à remarquer une telle augmentation. Les enquêtes nationales existantes indiquent qu'entre 13 % et 20 % des enfants aux États-Unis souffrent chaque année d'un trouble mental, émotionnel ou comportemental, dont une partie significative étant pré-adolescente.
Cette étude transversale «Enabee» réalisée par l'agence Santé publique France a croisé des données recueillies à la fin de l'année scolaire 2021-2022. Cette étude a porté sur plus de 15 000 enfants et enseignants provenant de près de 400 écoles, ainsi que sur 10 000 parents. Plus spécifiquement, on observe que 5,6% des enfants présentent «un trouble émotionnel probable», ce qui englobe les troubles anxieux tels que l'anxiété de séparation, l'anxiété généralisée et les phobies spécifiques, ainsi que les troubles dépressifs. Environ 6,6% des enfants présentent «un trouble oppositionnel probable», caractérisé par une humeur colérique particulière, un comportement querelleur ou provocateur. Enfin, 3,2% des enfants montrent des signes probables d'un trouble persistant d'inattention et/ou d'hyperactivité (TDAH).
Stéphanie Monnier-Besnard, épidémiologiste et cheffe de projet de l'étude Enabee étant surpris par ces chiffres importants précise que cette étude s'agit d'une «première étape» qui permet d'apporter un «éclairage aux décideurs publics en vue de futures actions de sensibilisation». Selon Prof. Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie à l'hôpital Robert-Debré, cette enquête donne «une photo très utile de la situation actuelle». Le ministre de la Santé, François Braun a rappelé l'existence du dispositif "Mon Soutien Psy", mis en place par le gouvernement en 2022 dans le but de contrer l' effet de la pandémie sur la santé mentale des plus jeunes: "les enfants peuvent bénéficier dès 3 ans de 8 séances remboursées chez un psychologue", rappelle le ministre. Avant de commencer à trouver des solutions pour cette situation, il faut d’abord comprendre les raisons derrière elle.
Dans une première place, il faut prendre en compte que les facteurs génétiques et biologiques jouent un rôle important. Certains enfants peuvent être prédisposés génétiquement à des troubles psychologiques tels que l'anxiété, la dépression ou le trouble du déficit de l'attention avec hyperactivité (TDAH). Ces prédispositions peuvent être héritées des parents ou résulter de déséquilibres chimiques dans le cerveau de l'enfant. Puis, l'environnement familial joue un rôle essentiel. Des relations familiales problématiques, la violence domestique, le divorce, la négligence ou les abus physiques, émotionnels ou sexuels peuvent tous avoir un impact significatif sur la santé mentale des enfants. Un manque de soutien émotionnel et de stabilité peut aussi augmenter le risque de troubles psychologiques.
Le contexte scolaire et les pressions sociales sont également des facteurs importants. Les enfants peuvent faire face à des difficultés académiques, à l'intimidation, à l'exclusion sociale, à des attentes élevées ou à des comparaisons constantes avec leurs pairs. Ces facteurs peuvent contribuer au développement de l'anxiété, de la dépression et d'autres problèmes émotionnels.
Les événements traumatisants, tels que les accidents, les catastrophes naturelles, les décès ou les maladies graves, peuvent également avoir un impact profond sur la santé mentale des enfants. Les traumatismes non résolus peuvent se manifester sous la forme de troubles de stress post-traumatique ou d'autres troubles psychologiques.
Enfin, les influences culturelles et sociétales jouent un rôle dans la manière dont les troubles psychologiques chez les enfants sont perçus et traités. Les stigmates entourant la santé mentale peuvent empêcher les enfants et leurs familles de chercher de l'aide. De plus, les pressions sociétales pour répondre à des normes irréalistes peuvent augmenter le stress et l'anxiété chez les enfants.
Cette augmentation des troubles mentaux chez les jeunes et les enfants est maintenant considérée comme une épidémie. Son accélération est peut être le résultat de la prévalence des réseaux sociaux. Ces applications peuvent diminuer le respect de soi et être la cause d’anxiété chez les jeunes. L'identification précoce des signes de détresse et un soutien approprié de la part des parents, des éducateurs et des professionnels de la santé sont essentiels pour aider les enfants à surmonter ces défis et à favoriser leur santé mentale et leur bien-être global.
Rédacté par Irmak Üzüm
Edité par Şevval Kalkan
Œuvres cités:
Prevalence and Treatment of Depression, Anxiety, and Conduct Problems in US Children,Reem M. Ghandour,Laura J. Sherman,Catherine J. Vladutiu,Mir M. Ali,Sean E. Lynch,Rebecca H. Bitsko,Stephen J. Blumberg.
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