La France, ayant une histoire enracinée des émeutes depuis la fondation de sa république, était encore une fois en face des émeutes violentes et bruyantes qui ont commencé à Nanterre il y a moins de deux mois, consécutives à la mort injuste d’un jeune homme franco-algérien: Nahel Merzouk.
Ces émeutes, qui rappellent celles de 2005 consécutives à la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, étaient beaucoup plus intenses avec près de trois fois plus de policiers blessés et dommages à la propriété, au moins 650 millions d’euros de dégâts avec 3 651 personnes arrêtées et 380 peines de prison ferme prononcées, ainsi que de deux morts malgré une durée beaucoup plus courte, seulement une semaine comparé aux trois. Dans cet instant, il faut mentionner que certains militants, responsables politiques et sociologues ont exprimé leurs insatisfaction avec l’usage du mot “émeute” par le média français. Ce mot signifie “Soulèvement populaire, mouvement, agitation, explosion de violence” et renvoie à la sauvagerie, à la désorganisation et à la barbarie. Ils disent qu’il dépolitise les événements et pensent que les définir en tant que “révoltes” serait plus approprié. De toute façon émeutes ou pas, ces événements ont déclenché de vifs débats en France aussi bien vis-à-vis de la légitimité des émeutes que de leurs causes, et sont couvertes médiatiquement à l'international. Ils posent des questions sécuritaires, culturelles, migratoires, raciales et de violences policières dans la police française.
Tout a commencé quand Florian M., un policier, a tiré une balle et tué Nahel Merzouk, âgé de 17 ans, le 27 juin 2023 lors d’un contrôle routier aux abords de la place Nelson-Mandela, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine. Selon les autorités, le policier a tiré dans un contexte de légitime défense à la suite d'un refus d'obtempérer, bien que la victime n'ait pas été armée. Les allégations contre lui disant qu'il avait tenté de tromper l'officier et de s'enfuir ont également été démenties par un témoin qui était dans la voiture quand tout se passait. Même le procureur de la République de Nanterre, Pascal Prache,a estimé que les conditions de l'usage de l'arme n'étaient « pas réunies ».
L’injustice contre Nahel Merzouk qui avait un casier judiciaire vierge, combiné par le prévalence de la violence policière particulièrement dans les banlieues contre des minoritaires et des immigrants et le profilage racial commise par la police en générale a déclenché ces “émeutes” de 27 juin jusqu’à 5 juillet. Elles ont propagé à plusieurs villes en France comme Marseille, Lyon, Toulouse, Strasbourg, Lille et même aux autres pays comme La Belgique et La Suisse. Selon les déclarations du ministère de l'Intérieur, pendant ces 9 jours, 99 mairies étaient attaquées, plus de 5 600 véhicules étaient incendiés, près de 1 000 bâtiments étaient brûlés ou dégradés, un peu plus de 250 attaques de commissariats ou de gendarmeries avaient faites et il y avait plus de 700 membres des forces de l’ordre blessés et 35 pour les pompiers. 200 commerces avaient été pillés. 300 agences bancaires et 250 bureaux de tabac avaient également été détruits à travers la France. Puis selon les décomptes établis par le ministère de l'Éducation nationale, 210 établissements scolaires avaient subi des incendies et des dégradations. De nombreuses structures culturelles, et notamment des bibliothèques, étaient également endommagées.
Après que l'environnement se soit calmé le 5 juillet, une circulaire gouvernementale était publiée. La première ministre Élisabeth Borne a présenté au Conseil des ministres du 13 juillet un projet de loi visant à faciliter la réhabilitation ou la reconstruction des équipements endommagés ou détruits, notamment en autorisant un taux de subventionnement supérieur au maximum légal de 80 % et accélérant les formalités urbanistiques ou de marchés publics. La métropole du Grand Paris a aussi voté en juillet la création d'un fonds de soutien de 15 millions d’euros pour aider les communes impactées par les “émeutes”. Le conseil régional d'Île-de-France a acté la création d'un fonds de soutien de 20 millions d’euros, 18 étant pour les communes et 2 pour les commerces, pour compléter les sommes versés par les assurances.
A part des conséquences financières, il y avait des revendications formulées par des manifestants pour la transparence en appelant à une enquête indépendante sur la fusillade policière de Nahel Merzouk, la démission du ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin à cause de sa mauvaise gestion de la situation, et pour l’investissement dans les communautés défavorisées pour réduire les disparités socio-économiques et offrir de meilleures opportunités. Les appels urgents avaient faites pour mettre fin à la brutalité policière et au profilage racial. Des réunions avec des ministres ont été convoquées par le président Macron pour discuter de la situation, en cherchant des pistes de changement et de résolution à long terme.
Les émeutes avaient aussi été suivies avec attention à l'étranger avec The *Daily Telegraph* au Royaume-Uni, estimant que « le monde regarde avec incrédulité la France se déchirer » et que « Macron perd le contrôle » face à un « mauvais maintien de l’ordre », The New York Times aux Etats-Unis insistant sur le « profond ressentiment » des banlieues envers une police accusée de racisme et le président turc Recep Tayyip Erdoğan déclarant que le « passé colonial » et le « racisme institutionnel » en France soient à l'origine de cette flambée de violences.
Malgré l'ambiguïté du futur on peut dire que La France sera en face des changements sociaux radicaux. Nos condoléances à la famille et aux proches de Nahel Merzouk.
Rédacté par Irmak Üzüm
Edité par Şevval Kalkan
Oeuvres cités:
https://fr.wikipedia.org/wiki/Émeutes_consécutives_à_la_mort_de_Nahel_Merzouk#
Nicolas Farmine, « Mort de Nahel : derrière les chiffres, des violences urbaines plus intenses que lors des émeutes de 2005 », Le Figaro
Cécile Ollivier et Jeanne Bulant, « Émeutes: 3625 personnes placées en garde à vue ces six derniers jours en France », BFM TV
Julie Lescarmontier, « Mort de Nahel. Violences, révolte… Pourquoi l’expression « émeute » s’est imposée », sur Ouest-France.fr
Matheo Malik, « «J’utiliserais le mot de révolte», une conversation avec Jacques Toubon », sur Le Grand Continent
Victor Cousin et Victor Alexandre, « Interpellations, voitures brûlées, bâtiments dégradés… Les émeutes en chiffres, nuit par nuit », Le Parisien
https://www.madmoizelle.com/mort-de-nahel-faut-il-parler-d-emeutes-ou-de-revolte-1548829
https://theislamicinformation.com/fr/nouvelles/france-emeutes-nahel-merzouk/
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